Fondation pour le développement durable des régions de montagne

2022
Le mot du directeur

La sobriété devient inéluctable

Face aux défis auxquels nos sociétés font face, l’innovation est prônée comme la solution incontournable. Elle l’est, du moins partiellement, à condition d’être un soutien à une transition profonde de nos modes de vie.

Le sixième rapport du GIEC est paru en mars. Les nouvelles ne sont pas bonnes, quelle surprise… Que faire? De quelles innovations avons-nous le plus besoin aujourd’hui? A mon sens, pas de celles qui nous permettent de perpétuer le statu quo. Remplacer les bulldozers diesel par des bulldozers électriques ne changera en rien le fait qu’on détruise des écosystèmes indispensables à nos sociétés.

Se déplacer en mode électrique, ou ne pas se déplacer?

N’en déplaise à certains détracteurs, ce sont bien les activités humaines qui sont la cause du réchauffement climatique. Les innovations technologiques qui n’ont pour visée que de nous permettre de poursuivre des modes de production et de consommation non durables sont vaines. Quel est le bénéfice d’un système d’irrigation performant dans la production d’une denrée gorgée de pesticides, transportée sur des milliers de kilomètres? Quel est le bénéfice d’une voiture électrique dans un déplacement inutile?

Produire moins et mieux

Repenser nos modes de vie nous conduit nécessairement à penser des systèmes qui produisent moins et mieux. La sobriété devient inéluctable. En amont d’une innovation technique se trouve toujours une pensée, une volonté. Comment maximiser mon profit à court terme? ou comment produire un bien dont les impacts directs et indirects seront réduits au minimum? ne génèrera pas le même type d’innovation.

Pour une innovation systémique, durable et sociale

Face à l’urgence, le déploiement d’innovations techniques permettant la réduction de CO2 est indispensable. Mais l’innovation ne peut être que technique. Elle doit être économique, sociale et territoriale. A titre d’exemple, la transition vers des mobilités électriques est nécessaire. Elle ne peut toutefois réellement déployer ses effets que sur des territoires moins dépendants de la voiture. L’innovation doit être au service d’une économie circulaire, de modes de gouvernance repensés. Elle doit permettre de mesurer les impacts de nos productions et imaginer une nouvelle fiscalité. L’innovation doit soutenir des changements structurels profonds dans tous les secteurs. En d’autres termes, elle doit être systémique, prendre soin de nos écosystèmes et tenir compte des plus faibles.

Eric Nanchen
Eric Nanchen, directeur FDDM